Où Feuny n'arrive pas à se faire des amis.
« Pas de réflexion désobligeante. »
Ma pauvre, pour une fois que j’allais te complimenter… Un corps pareil à ton âge, ça me laisse rêveuse. A mon âge aussi, d’ailleurs.
« Ne sois pas triste, regarde où j’en suis arrivée : devoir sortir mes poubelles à moitié à poil devant le car des écoliers, pour qu’il puisse aller en parler à leurs parents, et que ça déclenche une polémique pas croyable qui aura au moins le mérite de faire parler de moi. »
Ouf. Oui, quand même. J’aurais dû t’appeler Lindsay Lohan, en fait.
Et le regard de côté pénétrant associé au maillot de bain, c’est pour relancer ta carrière aussi ?
« Non, c’est surtout parce qu’il fait chaud, aujourd’hui. »
Y’a pas de saisons ici.
« C’est parce que je nettoie mes vêtements à l’occasion, quand même ! »
T’as pas encore de machine à laver.
« … Bon ok, c’est pour faire parler. Je me sens minable et pathétique. »
Soit tranquille, c’est normal.
« Ah ? »
C’est parce que tu l’es.
Les livres me parlent, tu sais.
« Hanyo… Mets-nous sur liste rouge, fais-nous déménager et change-moi d’école : elle me fait peur. »
On va faire plus simple, tu vas déjà commencer par lui dire que les livres sont ses amis, et ensuite tu vas lui proposer d’aller leur parler à la bibliothèque. Seule. Entre amis. Sans toi.
« Ah oui. C’est pas bête, et c’est nettement moins extrême que mon idée en effet. »
Et bien alors, tu te trimballes de la bouffe avariée ?
« Non, du tout, c’est bon le lait caillé quand on a fini son sport ! Là je rentre à la maison, je me tape cette côte du tonnerre, mais je n’aurai aucune courbature parce que je boirai mon lait caillé, plein de vitamines et de protéines ! »
Je crois surtout qu’à force de boire du lait périmé, tu détruis tes terminaisons nerveuses et ne ressens plus la douleur.
« Bon Hanyo, il est bien gentil le pervers là, mais s’il pouvait donner de l’argent au lieu de me reluquer sous toutes les coutures… »
T’as pas comme l’impression de l’avoir bien cherché ?
« La piscine est pas loin, et ils sont en maillot de bain aussi. Pourtant on leur dit rien à eux. »
Peut-être parce que justement, ils sont à la piscine.
« Et un de plus… Je comprends vraiment pas, je n’arrive pas à renouveler ma créativité, je peins toujours les mêmes choses, t’as remarqué ? »
Si j’ai remarqué ? SI J’AI REMARQUÉ ? … Non, penses-tu, chacune de tes peintures est un renouvellement à mes yeux.
Voilà qui est déjà nettement plus joyeux qu’un couple de cervidés broutant des herbes séchées.
« Ca valait bien la peine de risquer la pneumonie, tiens. »
Tu pourrais aussi tenter de devenir talentueuse, sinon ?
« Hanyo… Voyons… C’est pas parce que t’es une raté que c’est le cas de tout le monde ! »
Oh bah oui tiens, merci de me le rappeler, au passage, c’est apprécié, sache-le.
« J’en peux plus Hanyo. J’en peux plus de côtoyer des cons. Vraiment. Après la nana aux livres qui parlent, voici le pote qui… ne parle pas. »
Je crois qu’il vaudrait mieux pour toi que tu cesses tout bonnement toute tentative de sociabilisation. Tu es trop brillante. Tu ne trouveras jamais un autre ado à qui parler.
Devant le commissariat ? Sans déconner ?
« Note que j’ai au moins eu la décence de me rhabiller. »
Après qu’on t’a collé une amende pour racolage passif ?
« … Oui… »
Ca m’aurait étonné.
Toi aussi tu faiblis.
« Non, je fais juste des peintures plus petites. »
Génial. A choisir je préfère autant les grosses peintures, même si on les as vues 500 fois.
Et au passage, Feuny arrête son choix sur un désir à son niveau.
« Alors ma pupuce, t’as fait quoi de beau aujourd’hui ? »
« J’ai décidé de cesser de me mélanger à la plèbe adolescente de ce quartier pour ne pas me corrompre de l’intérieur. Et toi ? »
« J’ai joué de la guitare à moitié à poil et devant le commissariat. »
Une bien bonne journée que celle-ci, dites donc.
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Quelle famille dis-donc ! Remarque vaut mieux qu'elle devienne légende des échecs ! Tu t'imagines avec 2 rock-star à la maison