La voici, la voilà, Coralie est enfin là !
… La revoilà ! Euh…
« Un souci ? »
C’est quoi cette tenue ?
« Bah quoi ? C’est rose ! »
En effet oui, mais c’est… euh…
« Bon, le temps que tu retrouves tes mots, je vais claquer une bise à toute la famille, moi ! MAMAAAN ! JE SUIS RENTRÉE ! »
« Ma chérie ! Comment vas-tu ? »
« Très très bien, merci, le trajet a été long mais me voilà enfin de retour à la maison ! »
« Et c’est quoi cette tenue ? Un bizutage de fin d’études ? »
« Beh non, c’est ma tenue quotidienne, regarde, elle est rose ! »
« Euh oui, je vois ça, mais c’est pas un peu… euh… ton père t’a vue dans cet état ? »
Pas encore, non. Je suis ravie de voir que je ne suis pas la seule à être étonnée.
« Coralie ? C’est toi ma fille ? »
« Papa ! Justement, j’étais en train de raconter à maman comment je… »
« Comment t’en étais arrivée à t’habiller comme ça, je suppose ? »
Non, même pas, elles parlaient de Mathieu.
« Ma fille, faut qu’on discute, là. »
« Mais regarde-toi un peu ! C’est quoi cet accoutrement ? »
« Vous avez quoi, tous, avec ma tenue ? Elle est en adéquation avec ce que je veux faire de ma vie ! »
« Non mais cherche pas, y’a pas encore de carrière de pute, les trottoirs sont juste faits pour que les bus scolaires n’écrasent pas tout le monde. »
Pute, comme tu y vas Abhi…
« Ouais, je trouve aussi, c’est un peu… taille basse et seins en l’air, mais c’est euh… ça va, ça passe, on s’y fait. »
« Merci maman. »
« Oui, on s’y fait une fois qu’on a la rétine décollée, sûrement. Et alors vas-y, fais-nous rêver, tu veux faire carrière dans quoi ? »
« Le show-biz. »
Ah ouais, quand même.
« Le show-biz. LE SHOW-BIZ. Tu es un petit génie. Tu es allée à l’université, ta pire note a été un 16. Tu es platine jusqu’à la fin de ta vie. Tu es belle, brillante, promise à un avenir que seuls quelques élus peuvent entrevoir. Et tu veux faire carrière dans le show-biz. Tu vas nous tuer, avec des nouvelles pareilles. »
Vous tuer, non. Mais vous faire vieillir, ça, oui.
Et certains paieront leurs paroles en fêtant leur anniversaire tout seul comme des glandus. Ah tu la ramènes moins là, ta grande gueule, du coup.
« Hanyo, t’es sympa, mais tu me feras pas croire que tu es ravie de ce choix de carrière. »
Écoute, elle a fait théâtre, et de toute façon il faut bien que quelqu’un s’y colle, alors bon, Coralie, une autre…
« Ouais. Une autre. Pas MA fille. »
Oh, papi, tu commences déjà à radoter.
« Oh bon Dieu, là je les sens bien, les 100 kilos de trop à cause de mon désir sur le long terme ! »
Violent retour de bâton, hein ?
« J’ai faim, d’ailleurs. Sois mignon Vincenzo, va m’en préparer une fournée ! »
Ouais, bah y’a certaines personnes qui ne changent pas, c’est déjà ça de rassurant.
Ce qui est merveilleux, c’est que cette vague de vieillissement parfaitement prévue, d’ailleurs, ça nous a un peu calmé pépé Abhi, qui était à la limite de renier sa fille, quand même.
« Hanyo, si tu étais un peu plus intelligente, tu sais, tu n’aurais pas dit cette phrase à voix haute, et on ne t’aurait pas entendue. Et par on, j’entends Abhi, et moi-même. »
Oui, bon, ok, m’enfin d’un autre côté, va bien falloir qu’il s’y fasse, Coralie veut faire partie du show-biz, et je vois pas pourquoi on devrait forcément voir ça d’un mauvais œil.
« Je t’arrête tout de suite, Hanyo – ne va pas croire que parce que j’ai un casque pensant sur la tête j’entends pas ton débit d’ânerie – c’est pas tant le métier qui me pose souci, en fait, c’est la tenue PLUS le métier. Elle pourrait devenir une dramaturge. Une comédienne au théâtre, même. Mais tu m’excuseras, avec sa tenue, je la vois plus dans des films où elle jouera la parfaite potiche. »
Eh bah, tout ça pour un jean moulant, taille basse, et un haut rose décolleté. Je me demande comment tu aurais réagi si elle était revenue en mini-jupe ras-la-touffe.
D’autant que bon, on peut critiquer tout ce qu’on veut, Coralie nous a ramené le point du petit génie, une aspiration platine à vie, et le point du désir impossible 30 meilleurs amis ! Ca, plus le petit Mathieu qui continue ses études et qui promet une sacrée descendance, c’est plus que tout ce qu’Abhi nous a jamais apporté, hein.
Et en plus, elle s’occupe d’Aurore. Non vraiment, elle pourrait même se balader à poil que j’en serais quand même à lui ériger une statue en bas de chez moi.
C’est sûr qu’à l’opposé, on critique pas la tenue de Vincenzo hein, parce qu’il n’est ni brillant, ni beau, et ne nous rapporte pas des points à ne plus savoir qu’en faire.
« Ok, sympa. Non mais voilà d’où je pars aussi, Vincent Bonnot, c’est autre chose qu’Abhijeet Lemoine, hein. »
Rhooo, fallait pas mal le prendre !
« Non mais t’inquiète, je suis moche, con, et je sers à rien, c’est noté. »
Meuh non. Tu as… un adorable petit nez.
« Ôte-moi d’un doute, Hanyo… On n’est pas les seuls à ne toujours pas être platine à vie alors qu’on est déjà séniors, non ? »
Tu veux dire, dans le Legacy ?
« Oui. »
Tu tiens vraiment à ce que je fasse des recherches poussées ? Parce que j’ai comme l’impression que le résultat pourrait te décevoir, Abhi.
« Ok, je vois… »
Oui, m’enfin c’est pas comme si vous n’aviez pas eu une adorable gamine à aider dans sa quête de la perfection, hein.
« Pitié, notre aspiration platine dépend d’un métier ! Encore, on aurait eu à avoir 10 enfants, comme belle-maman Camille, je dirais pas… »
Et encore, Camille a été platine avant d’être séniore.
« Bah voilà. Ma fille va finir actrice de porno, et je suis un raté. »
Mais noooon… Ta fille ne finira pas actrice de porno.
Et puisqu’on parle de ratés, petit tour au chenil, où la duchesse, le bucheron, et Sony – qui à force de se badigeonner le crâne de gel tenue extra-forte n’a plus un poil sur le caillou – déplorent la perte, finalement, de Grisaille, notre vieux fugueur qui n’avait jamais réussi à partir revivre au QG n°2. Il tiendra compagnie à Flamme, c’est déjà ça.
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Tu as du mérite, Hanyo, à palabrer avec cette tête de mule d'Abhi !